Le travail d’Alice Magne s’articule autour de la teinture naturelle, qui peut prendre la forme de peintures, où la toile est tendue sur le châssis, ou se déployer sous forme d’installations immersives. Elle explore les possibilités infinies des couleurs végétales. Ce sont les matières qui la guident : elle les teste, les observe, les laisse l’étonner. Chaque couleur devient un dialogue avec le vivant, un fragment de saison, de sol, de lumière. À travers cette pratique de la teinture, Alice Magne cherche à ouvrir un espace de redécouverte : celle d’une couleur lente, imparfaite, accessible, vivante et profondément enracinée.

L’expérience qu’elle propose est une immersion totale dans la couleur, de la même façon que la couleur imprègne la toile. La matérialité et la douceur des pigments naturels retranscrivent une sensualité et invitent à ralentir, à observer. Sa peinture est contemplative : on y pénètre avec lenteur, l’œil s’y promène. C’est une expérience de durée et de présence, qui engage pleinement le regardeur.

Le travail de la teinture induit chez elle un rapport au corps essentiel, mais qui disparaît dans l’œuvre achevée. Sur la toile, seule subsiste la présence des plantes, parfois encore visibles, comme incrustées en surface, témoins du processus. Il s’agit d’une expérience qui convoque davantage la capacité à ressentir qu’à comprendre. La couleur agit, elle émeut, trouble, apaise ou déplace.

Alice Magne ne cherche pas à produire une abstraction de la réalité. Ses œuvres sont ancrées dans le réel ; elles sont la nature elle-même, elles nous y replongent. Son intention est de nous reconnecter au vivant, au corps, au temps et aux sensations. Elle souhaite que le regardeur s’approprie sa propre expérience, qu’il éprouve plutôt qu’il n’analyse. L’abandon est essentiel, autant pour celui qui regarde que pour elle-même. Dans sa pratique, elle s’efforce de se défaire de la maîtrise et du contrôle, afin de laisser le vivant agir avec elle. Ses gestes naissent de l’expérimentation, laissant place au hasard, aux ratés, aux surprises.

La préparation de la toile occupe une place fondamentale, car sans elle la couleur ne peut se révéler. Ce travail en amont, fait de lavages successifs et de l’application d’un « mordant » par cuisson dans l’eau, rend possible l’émergence des couleurs. Le processus, d’abord imperceptible, révèle ensuite la teinte presque instantanément, qui se diffuse dans la toile au contact des végétaux ou sous l’effet de la vapeur qui en extrait les colorants. Cette méthode d’extraction, appelée « teinture en bouquet », consiste à rouler la toile avec les plantes avant de les cuire ensemble à la vapeur.

Née à Nice en 1998, Alice Magne vit et travaille entre Lyon, Paris et Nice. Diplômée de la Villa Arson en 2023, avec les félicitations du jury, elle revendique une approche de la peinture consciente de son processus de production. Elle est également diplômée du Chelsea College of Arts de Londres en 2022, où elle se forme à l'impression textile en s'appuyant sur des approches durables et responsables du design textile. C'est le début de ses recherches sur la teinture naturelle et de son engagement définitif dans une démarche écologique. Cet engagement aboutit à la rédaction d'un guide écologique et responsable de la peinture. La même année, elle reçoit le prix du Musée International de la Parfumerie de Grasse pour ses recherches sur les teintures. En 2024, Alice Magne remporte le Prix Art Eco-conception organisé par Art of Change 21, en partenariat avec le Palais de Tokyo, et soutenu par le Ministère de la Culture et l'ADEME. Avec le parrainage de la Maison Ruinart et de la Maison Guerlain, membres du Cercle Art et Écologie du Palais de Tokyo. Ce prix lui permet de suivre une formation spécialisée en éco-conception, renforçant ainsi son expertise sur le sujet. En 2024, elle est également lauréate du prix Art et Nature de la Fondation Ulrich Rampp et nominée pour le prix CLIM’ART de la Fondation Andurand. Ses œuvres font actuellement partie de plusieurs collections privées importantes en France et à l'international. Depuis 2025 elle est représentée par la Galerie 46 St Paul et par Silica Contemporary depuis 2023.

© Astrid Staes / Say Who

MA FINE ART avec distinction, Chelsea College of Art, Londres, UK

2025

Fonds de soutien ADAGP : dotation temps de recherche artistique

Lauréate du prix Art Éco-conception par Art of Change 21, en partenariat avec le Palais de Tokyo, Paris, FR

Finaliste du Prix CLIM'ART, Fondation Andurand, Paris, FR

Lauréat du programme pilote MIP-Villa Arson, Musée International de la Parfumerie, Grasse, FR

Terra, commissariat Jenn Ellis et Emie Diamond, La cuverie des Citeaux, Savigny-lès-Beaune, FR

Landscapes Talk, commissariat Annabelle Audren, 46 St Paul Gallery, Saint-Paul-de-Vence, FR

Color, Surface and Light, commissariat Annabelle Audren, 46 St Paul Gallery, Saint-Paul-de-Vence, FR

Biennale Art et Nature 2025, commissariat Ulrich Rampp, Château de Tourrettes sur Loup, FR

La possibilité d’une collection III, commissariat Jacqueline Morabito, Galerie Catherine Issert, Saint-Paul-de-Vence, FR

2024-2025

Sweet Days of Discipline, commissariat par Octopus Notes, Villa Arson, Nice, FR

Prix CLIM’ART, Mairie du XVIème arrondissement, Paris, FR

Paradoxes d’une rencontre, Résonance 17e Biennale de Lyon Art Contemporain, Les ateliers du collectif, Lyon, FR

Morrow(s), commissariat Franck Vitetta, SWAB Barcelona Art Fair, Barcelone, ES

Life, Still, commissariat Franck Vitetta, The Others Art Fair, Turin, IT

2023-2022

Respirer l’art, commissariat Grégory Couderc, Musée international de la Parfumerie, Grasse, FR

Shades of Light: Ensemble Matters, Bloomsburry Festival, Londres, UK

Rally, The Cookhouse Gallery, Chelsea College of Arts, Londres, UK

The Villa Lena Foundation, Toscane, IT

2023

Rouvrir le Monde, Résidence de création et de transmission dans le cadre du programme l’Eté culturel 2023,en partenariat avec le collectif ESA , Auron, FR